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Elle vit alors les pigeons du parc s’envoler d’un trait vers le ciel, appelés là par une mystérieuse danse où tous et chacun y allait d’une parfaite synchronisation sauf un qui marchait toujours lentement au milieu du square. C’était lui, Octavio, cet oiseau particulier qui possédait son propre rythme, tout comme sa propre danse.
*
(suite)
« Je ne sais pas comment elle s’appelle, mais en la voyant pour la première fois, j’ai tout de suite pensé au nom d’une fleur que mon grand-père aimait tant.
Mon « Ancolie » disait-il à ma grand-mère alors qu’il l’enserrait tel un châle qu’on dépose douce-ment sur les épaules de quelqu’un. Cette véritable fleur très rare de couleur bleue, il me l’avait montré un jour en montagne, mais à défaut d’y voir la fleur, j’y avais plutôt vu le bleu particulier de ses yeux à l’origine de cette jolie métaphore d’un temps perdu. Mon grand-père et ma grand-mère se sont envolés depuis quelques années déjà, mais ce mot vient de réapparaître sous la forme de cette femme dont je ne sais toujours rien, si ce n’est que la certitude d’avoir à la connaître. »
« Je n’ai pas cessé de marcher durant toute l’après-midi. Les écureuils ont bien tenté de sympathiser un peu avec moi, mais je n’étais simplement pas là. Il n’y a que ce court paragraphe d’un roman de Guillaume Vincourt qui a su me sortir un peu de ma torpeur, mais encore là, ces mots n’ont fait qu’accentuer un peu plus mon désarroi. On dirait que je m’enlise dans des fabulations, même si la chose est relativement courante dans mon cas.
Mais qui est donc cette fille?
Je suis célibataire par choix et aussi par plaisir depuis presque deux ans maintenant, mais je ne me suis jamais senti ainsi. Ça fait des heures que je marche sans savoir où je vais et sans m’en rendre compte, je reviens toujours dans cette même allée, sur ce même foutu banc où je m’arrête un instant pour lire quelques pages avec l’espoir fou de la recroiser, puis je repars avec toutes mes questions.
Je me demande si c’est possible qu’un arc-en-ciel réapparaisse au même endroit?
Je me sens curieusement prêt à affronter tous les orages pour me prouver que les statistiques emprun-tent parfois des chemins beaucoup plus tortueux qu’une simple suite de chiffres et de hasards…
*
Cédrika tentait vainement de s’endormir lorsque son portable résonna à nouveau.
— Tu es où? Lui demanda Lori d’une voix qui avait peine à se faire entendre tellement la musique bour-donnait dans l’émetteur.
— Où penses-tu à cette heure?
― Mais il faut fêter le succès de ton audition… Viens me rejoindre, c’est la fête ici…
― Lili, je n’ai rien à fêter… Je ne sais même pas si j’aurai le rôle et en plus, j’ai des cours très tôt demain…
― Arrête de vouloir être parfaite et viens nous rejoindre… Tu seras seulement un peu fripée demain matin, c’est tout… Il y a tout plein de jolis garçons dont le beau Mathieu et il m’a justement parlé de toi…
― De moi? Et qu’est-ce qu’il a dit, lui demanda-t-elle avec un certain émoi.
― Si tu viens, il pourra peut-être te le dire lui-même… Aller… Habille-toi et viens nous retrouver chez moi…
(À suivre)
* Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase.
Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister...
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