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mercredi 30 juin 2010

Evanescence (page 32 à 34)


Cette phrase à elle seule valait la peine qu’il se détourne quelque peu de sa route. Le hasard de cette rencontre combiné aux paroles de la jeune femme firent en sorte que pour la première fois de sa vie, Monsieur Coton venait de décider d’écouter l’autre voix de sa conscience.


(Suite)


À 21h00, Monsieur Coton ferme sa télé. Il s’installe confortablement pour terminer son livre d’Eluard, et, clin d’oeil des dieux, reste figé, les yeux sur la page qu’il vient d’ouvrir au hasard :

« Il fallait bien qu’un visage réponde à tous les noms du monde… »

***


Dimanche…

Le début de journée de Monsieur Coton fut des plus agréables. Après avoir trouvé un vieux bouquin d’Albert Camus qu’il feuilleta rapidement, il tomba par hasard sur une autre phrase troublante, comme si elle avait été écrite expressément pour lui :

« Il y a seulement de la malchance à ne pas être aimé, il y a du malheur à ne pas aimer. »

Monsieur Coton hocha la tête pour lui-même en signe d’acquiescement. Il acheta le livre, s’arrêta chez l’épicier pour prendre une boîte de sardines et partit sur la rue Roquette en direction du cimetière du Père Lachaise où il passe tous ses dimanches après-midi.

Rendu là, il se dirigea directement vers le tombeau de Chopin pour son rendez-vous hebdomadaire avec lui.

Sur les lieux, Monsieur Coton commence toujours par faire un signe de croix devant le buste blanc du pianiste virtuose, puis, il appelle un jeune visiteur.

Habituellement, ce dernier laisse aussitôt pointer ses petites oreilles entre deux monuments funéraires et s’approche.

Chopin, nom que Monsieur Coton lui a donné, est un chat craintif qui se présente toujours au rendez-vous, surtout quand l’odeur des sardines se répand dans cette minuscule allée du cimetière. Le chat tigré aux yeux presque blancs arrive parfois accompagné d’autres chats, mais on sent que c’est lui qui règne en maître sur ce territoire. Monsieur Coton l’a adopté quelques années plus tôt lors d’une de ses nombreuses lectures à haute voix qu’il vient faire tous les dimanches au défunt musicien. En quête d’une caresse, le félin s’était subtilement faufilé entre ses pieds ce jour-là, puis l’habitude qu’avait Monsieur Coton de lui apporter des sardines les lia rapidement l’un à l’autre.

Monsieur Coton aime venir ici et lire à haute voix comme il aimerait qu’on le fasse pour lui après sa mort. C’est d’ailleurs avec cet espoir fou qu’il a déjà choisi de faire écrire sur sa pierre tombale :

« Ici repose un homme qui n’aspire plus qu’à vous tendre l’oreille... SVP, lisez pour moi! »

À 18h00, heure de la fermeture du parc, Monsieur Coton retourne chez lui afin de poursuivre son entretien littéraire avec Camus.

Il s’endort ce soir-là dans l’attente fébrile de revoir Eva-Nescencia…

***


(À suivre)

* Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase.
Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister...
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