Le gardien entra dans une petite maison qui avait plutôt l’air d’un cabanon de jardinier et laissa à son fidèle visiteur le soin d’aller retrouver sa bien-aimée.
(suite)
*
Il était un peu plus de minuit lorsque Cédrika cogna à la porte du café où sa meilleure amie travaillait. L’endroit venait de fermer, mais les lumières y étaient encore allumées.
— Mais qu'est-ce que tu fais debout encore à cette heure, lui dit-elle d’un air surpris.
― Salut Lili! Je me suis dit qu’au lieu de me faire réveiller en pleine nuit par un de tes appels, que j’allais plutôt venir ici pour te raconter ma soirée et pouvoir enfin dormir un peu…
Lori connaissait très bien sa meilleure amie. Elle ne fut donc pas dupe en l’entendant parler ainsi avec une fausse désinvolture. Elle sut immédiatement que quelque chose la tracassait.
― Entre… Ne reste pas là, il fait froid ce soir…
— Pour être franche avec toi, c’est surtout parce que tu me manquais que je suis venu, lui dit-elle alors qu’un vent d’émotion venait de balayer tout ce qu’elle avait pu dire précédemment.
Lori la prit dans ses bras et la serra très fort. Elles étaient amies depuis leur tendre enfance et malgré leurs grandes différences de personnalité, leurs chemins ne s’étaient jamais séparés. Lili était une jeune femme beaucoup plus téméraire que Cédrika, mais cette dernière compensait avec des élans de folies peu communes qui avaient toujours su impressionner son amie. Elles étaient donc très proches tout en étant bien différentes l’une de l’autre.
— Tu me manquais aussi ma belle… Et j’ai eu ton message cet après-midi… C’est génial les nouvelles pour ta mère… Tu sais que j’ai toujours cru qu’elle était beaucoup plus forte que tu le pensais… Avec tout ce que toi et ta sœur lui avez fait vivre, dit-elle en riant. Je crois qu’elle a simplement choisi de prendre un léger décalage qui nous donnait parfois l’impression qu’elle n’était pas tout à fait là, mais en même temps, c’était probablement tout le contraire… Si tu y penses bien, c’est elle qui trouvait souvent les solutions quand il y avait un problème chez vous et non pas ton père qui avait toujours une de ses pseudo théories d’intellectuels qui t’impressionnaient, mais pour moi, ce n’était que du tape à l’oeil…
― Je sais… Et je ne comprends toujours pas comment ma mère a fait pour continuer à le supporter… Surtout qu’il ne s’améliore pas avec l’âge… En plus, il ronfle aussi fort que le truc qu’on nous met dans la bouche chez le dentiste… Tu sais le machin qui aspire la salive…
― Ouach! T’es dégueulasse… Je ne verrai plus jamais ton père de la même manière…
― Bah… Ce n’est pas pire que quand il tond son gazon en costume de bain le samedi matin…
Lori éclata de rire.
― Tu sais, le genre de maillot moulant trop petit pour soutenir son ventre…
― Arrête! Tu me donnes beaucoup trop d’infos…
Cédrika prit le balais des mains de son amie et se mit à imiter son père en se sortant le ventre et en marchand les jambes arquées. Lori n’en pouvait plus tellement elle riait. Elle demanda un temps mort pour reprendre son souffle.
— Mais je dois lui donner une chose… Il est incroyablement attentionné avec ma mère et je ne crois pas qu’il puisse y avoir quelqu’un de mieux que lui pour la supporter dans le combat qu’elle entreprend…
― Tu as raison… Ça ne doit pas être facile pour elle, mais pour lui non plus… Ouf! On change de sujet ma belle… Je suis vraiment contente que tu sois venu… Je crois que j’avais besoin de rire un peu… Si tu savais comme c’est déprimant de travailler ici parfois… Ce n’est pas tous les jours qu’il y a des Gabriel qui entre ici… Cédrika ne put s’empêcher de sourire. En général, c’est beaucoup plus des vieux chnoques qui viennent faire semblant de boire un café pour me reluquer les seins…
― Au moins, ça prouve que tu en as… J’échangerais bien quelques regards contre des centimètres de plus…
― T’es complètement barjot Ced… Tu as un corps de rêve… Si tu savais comment je payerais pour avoir seulement la moitié de ce que tu as…
― Arrête tout de suite… Tu sais qu’on ne sera jamais d’accord sur ce sujet…
Cédrika se mit à balayer un peu pendant que Lori déposait les chaises sur leur table.
― Alors dis-moi, quoi de neuf justement avec ton beau Gabriel? J’espère que tu ne vas pas me dire ce que je pense…
― Et ça ressemble à quoi ce que tu penses?
― Que vous êtes allé manger du poisson mort ce soir…
― Des sushis, l’interrompit-elle.
― Que vous ne vous êtes toujours pas embrassé, que vous avez ri ensemble, parlé, que tu as chanté à tue-tête en sortant de là… Tu sais, toutes ces choses qui sont si futiles pour bien des gens…
Cédrika ne put s’empêcher d’éclater de rire. Il y avait beaucoup de vérités dans ce que Lili venait d’énu-mérer, mais il manquait surtout le mot complicité qui aurait pu à lui seul résumer toute cette soirée et qui était l’ingrédient reliant tout ce qu’elle avait énoncé aupa-ravant. Lori attendait une réponse, mais son amie continua plutôt à faire le ménage.
(À suivre)
Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!