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lundi 28 juin 2010

Le poids des ombres (page 23 à 26)


Cédrika ne semblait guère avoir la tête à fixer un rendez-vous, mais promit d’appeler son amie dès que la session de torture serait terminée.

*

(suite)

Je commence à connaître ce parc par cœur. J’y viens presque tous les jours depuis le début de l’été pour prouver à un de mes bons amis qu’il a tort de croire qu’il y a nettement plus d’écureuils bruns que de noirs en ville. Je sais que c’est complètement idiot, mais j’aime les statistiques et encore plus quand elle n’ont aucun sens. J’ai donc profité de cette période estivale pour venir photographier tous les écureuils que je croisse en les classant par catégorie. Ce n’est pas toujours évident de les différencier au premier coup d’œil, mais l’expérience fait en sorte qu’en une seconde, je peux maintenant vous dire le pseudonyme que j’ai donné à chacun d’eux. J’ai même implanté un méticuleux système de compilation qui fera peut-être lui-même l’objet d’études un jour. Charles Darwin a bien dû commencer quelque part!

Ce n’est toutefois pas ce qui m’aide à écrire ma thèse de doctorat sur Marcel Proust, mais de toute manière, je ne sais même plus si j’ai envi d’enseigner la littérature plus tard. Je sais que je ne serai jamais écrivain alors que vaut un diplôme en lettre quand on se sent comme un imposteur dans ce métier?

Je préfère donc en ce moment la présence de mes écureuils et quand je ne suis pas rivé à mon appareil photo pour prendre des clichés de ces curieux mammifères, je lis des tas de bouquins qui n’ont aucun rapport avec mon sujet d’étude.

Je crois de plus en plus que je me fous éperdument de savoir que le symbolisme de l’anonymat littéraire s’est surtout développé après les écrits du grand Marcel Proust. J’ai déjà assez de gérer mon propre anonymat dans ce monde qui fait si peu de place aux artistes. C’est d’ailleurs mon véritable problème, car je ne sais toujours pas dans quel domaine artistique j’aimerais évoluer. J’aime les mots, la peinture, le dessin, la photographie et même jouer de la musique, mais selon moi, je n’excelle particulièrement dans rien. J’ai donc décidé de profiter de mon été pour faire le point sur la situation et compter les écureuils. Je les photographie, les dessine et j’écris n’importe quoi comme je le fais en ce moment en faisant une sorte d’introspection.

J’adore toutefois mon désoeuvrement actuel et je m’applique quotidiennement à en faire une réussite. Ce n’est toutefois pas pratique pour continuer de bénéficier d’une bourse d’études, mais bon, Rome ne s’est pas construit en quelques jours alors un de plus ou un de moins…

Le parc est particulièrement beau aujourd’hui. Il scintille comme si les arbres savaient déjà que leur feuillage commençait à se dénaturer par la venue de l’automne qui approche à grands pas et la brise parfumée des fleurs me fait souvent fermer les yeux pour mieux la savourer. Dans ces moments, c’est inévitablement le cou de Marie-Christine qui me revient à l’esprit, surtout son délicat parfum.

Je me laisse maintenant imprégner par cette douce sensation et je ne fais que contempler le décor plutôt que de le photographier. J’adore faire cet exercice qui ne sert à rien, mais qui permet à ma tête de réinventer le monde à sa manière. J’ai ainsi l’impression qu’un secret m’est chuchoté, mais soyez sans crainte, je suis fou…

J’étais donc plongé dans un de ses moments d’extases, les yeux fermés, et je souriais bêtement quand je l’ai entendu pour la première fois.

Il y a des voix qui résonnent en nous comme des couleurs et je n’ai pu m’empêcher de penser à celles d’un arc-en-ciel en entendant la sienne. Quand j’ai ouvert les yeux, j’ai su tout de suite que plus rien ne serait comme avant…

(À suivre)

* Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase.
Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister...
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Ben

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