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samedi 18 septembre 2010

Suite ou non du blog


Voilà qu'arrive bientôt la fin de la publication de deux de mes romans sur le blog...

Je réalise que l'exercice prend beaucoup de temps à faire et comme je ne sais pas le nombre de lecteurs, je me dis parfois que ça ne vaut peut-être pas la peine de mettre tout cet effort...

Je fais donc un appel à tous afin de savoir si je fais une suite ou non...

Ceux qui sont intéressés par une suite, vous n'avez qu'à m'envoyer votre adresse courriel en répondant en privé à ce message ou sur agrement@hotmail.com et selon le nombre de personnes intéressées, je vais y ajouter un autre roman...
Vous pouvez aussi envoyer ce message aux amants des mots qui font partis de vos amis...

ps: si vous faites déjà partie de la liste de diffusion sur votre email, j'ai déjà votre adresse, mais rien n'empêche de faire circuler ce message dans vos amis et d'ajouter quelques personnes à cette liste.

Les mots auront toujours besoin d'un regard pour exister, alors si l'envie de découvrir mon univers littéraire se fait sentir, prenez 2 minutes pour m'envoyer votre adresse

Sinon, ce sera pour plus tard sous forme numérique et peut-être audio pour un nouveau titre, et dans quelques années pour la version papier des autres roman puisque je suis à Las vegas.

Au plaisir!

http://editionscalliope.blogspot.com/

Ben

vendredi 17 septembre 2010

La part des ombres (140 à 141)


Ils se saluèrent cordialement et c’est à ce moment que le vieil homme crut remarquer l’ombre d’un chat qui se faufila rapidement entre deux arbustes dès qu’il tourna la tête vers lui.


(suite)


*


« J’ai vraiment essayé de la quitter cette nuit-là, de fuir comme un prisonnier, traqué par ses propres gardiens, mais c’est plutôt elle qui m’a laissé.

Pour la première fois de ma vie, les rôles étaient inversés. Je recevais cette gifle par la seule femme que j’avais cru aimer.

Je m’étais finalement endormi à ses côtés aux petites heures du matin après avoir passé la nuit à la dessiner, puis à mon réveil, elle n’était plus là. J’ai alors cru entendre le son de la douche, mais cette sorte de crépitement allait se révéler être en fait la liquéfaction de tout mon corps devant cette cruelle incompréhension. Je venais de trouver son petit mot qu’elle avait laissé sur ma table de chevet. « Car bien souvent, pour que nous décou-vrions que nous sommes amoureux, peut-être même pour que nous le devenions, il faut qu'arrive le jour de la séparation.

Marcel Proust.

Merci pour la nuit et les dessins! »

Elle n’avait rien laissé derrière elle si ce n’est que ce mot déchirant. Je n’avais pas son numéro de téléphone ni aucune adresse pour essayer de la rejoindre, mais je me suis soudainement mis à espérer en voyant le livre sur lequel elle avait déposé ses adieux.

Qui sait si je n’allais pas trouver le secret de nos retrouvailles à travers la recherche du temps perdu… »



Cédrika s’est endormie au creux de mon épaule pendant que je lui lisais à haute voix des extraits du roman de Vincourt. La chaleur du foyer a finalement eu raison de sa fatigue et je me sens ému devant la fragilité de son sommeil. J’entends sa respiration sifflante comme le murmure de notre incompré-hensive complicité, mais je vais plutôt lui faire croire qu’elle ronfle lorsqu’elle se réveillera. Elle est tellement obsédée par ce genre de détails qu’elle va sans doute paniquer et vouloir même s’enregistrer pour être certaine du contraire. Le plus bizarre, c’est qu’elle peut faire preuve d’un total laisser-aller, mais pour en arriver à ce point, elle doit jouer. Il y a donc la Cédrika dont le regard s’illumine comme une lampe tempête en jouant la comédie et celle qui se laisse broyer par le carcan d’un flagrant manque d’estime de soi.

Je me sens toutefois merveilleusement bien avec elle, même si je suis toujours aussi nerveux. On dirait qu’elle me permet d’assumer toute la démesure de ma personnalité et de me laisser inspirer par la sienne, mais du même coup, ses blocages influencent mes élans.

Est-ce possible alors que tout ça ne soit qu’une illusion?


*

(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!

Evanescence (page 130 à 133)


IV



(dernière partie)


Le lit d’Eva était recouvert de feuilles et de photos qu’elle avait éparpillées un peu partout autour d’elle.

Elle se sentait très mal et surtout enragée, comme si on venait de la gifler violemment sans qu’elle ne puisse réagir.

Quelqu’un avait violé délibérément son intimité dans un jeu où elle n’était qu’un simple pion, mais dans lequel était impliqué son plus précieux trésor.

Ses recherches virtuelles l’avaient menée quelques jours plus tôt vers trois hommes avec qui elle avait entretenu une correspondance un peu plus littéraire que les autres et parsemée d’une touche de folie qui aurait pu à la limite se transcender en une telle aventure. Mais comment auraient-ils pu agir ainsi et même connaitre ce détail sur sa vie privé?


*


Le printemps est hâtif cette année. Nous sommes au début du mois de mars et les oiseaux ont déjà réélu domicile dans les arbres bourgeonnants du père Lachaise. Les fleurs embaument l’endroit d’un parfum frais comme un ultime hommage de la vie qui est rendu à cet endroit du dernier repos.

Monsieur Coton n’a pas de livre dans les mains. Il laisse plutôt le chant de la ville border ses réflexions alors qu’il est assis tout près de la sépulture de Chopin tout en caressant le dos de son chat. Il déplie alors la courte lettre qu’il a écrite pour sa mère et se met à la lire à haute voix.

Est-ce que tu sais combien de fois j’ai crié le mot « Maman » dans mon enfance quand je me réveillais en sueur après un des mes éternels cauchemars?

Aucune fois!

Jamais…

Ce mot ne faisait pas parti de mon vocabulaire car à cette époque, je n’allais toujours pas à l’école et je n’avais pas encore compris que tous mes compagnons de classe avaient une mère… Moi, j’avais une nourrice et je la détestais…

Comment aurais-je pu alors comprendre la tendresse autrement que par une interminable quête de perfection dont le but ultime était de séduire mon père et de me faire réconforter dans ses bras… Le mien transportait plutôt d’immenses livres sans images, ou son éternel mallette en cuir qu’il polissait chaque matin avant de partir travailler… J’avais beau m’accroché à sa jambe pour le retenir lors de ces départs, mais jamais il ne m’a prit dans ses bras… Tu me diras peut-être que j’exagère ou que je ne m’en souviens pas, mais de la mémoire, je n’en manque jamais… Je n’ai même pratiquement rien d’autre que celle-ci pour meubler mon univers vide d’affection, mais de toute manière, il y a des gestes qui, au delà des souvenirs, s’imprègnent en nous avec la force d’une enclume… Dans mon cas, je suis resté vierge de lui toute ma vie…

J’ai donc choisit plus tard de plonger dans l’univers des chiffres, mais comment alors humaniser son existence quand on sait très bien que nous sommes seulement le résultat anachronique d’une addition qui n’a aucun sens logique… Pourtant, si on prend une femme et on ajoute un homme, on obtient le chiffre deux, mais parfois, en ajoutant quelques coups de bassin, on obtient le chiffre trois comme résultat final… Mais où est la logique?

Tu as toutefois préféré respecter la rationalité des lois mathématiques et votre union est restée égal au chiffre deux… papa, et moi…

Est-ce que je t’en veux de m’avoir abandonné ainsi?

Probablement beaucoup moins que celui qui fut ton mari, mais aujourd’hui, j’ai décidé de m’inventer un passé et puisque je me dis que tu ne fais probablement plus partie de ce monde, je vais déposer cette lettre au hasard sur un de ces monuments funéraire dont le temps à gruger le nom et sur lequel il ne reste plus que le vert de gris pour conserver les traces d’une vie oubliée… Qui sait si sous cette pierre ne se trouve pas les vestiges d’un cœur de mère… Une mère qui n’a peut-être jamais eu la chance de connaître son enfant…

Peu importe où tu te trouves, je t’aime Maman!

Jean.

Monsieur Coton vient de déposer la lettre sur une pierre tombale et s’assoit un moment près de son chat. Il ressent une profonde lassitude depuis son retour du Japon et après avoir parcouru tants de kilomètres en si peu de temps, il sent qu’il a besoin de repos. Cette pensée provoque toutefois une grande tristesse en lui.

Il sort alors une autre lettre de sa poche et l’a regarde avec consternation. Comment trouvera-t-il le courage d’expédier celle qu’il tient maintenant dans sa main…

La dernière…


*

(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!

mercredi 15 septembre 2010

La part des ombres (136 à 139)


Il but son thé silencieusement, puis il prit celui de sa femme qui était maintenant rendu froid et le but d’un trait. Il colla alors quelques nouvelles photos puis quitta péniblement l’endroit en laissant toutefois l’autre choco-latine intacte sur le monument. Qui sait si le faux Chopin n’allait pas venir ainsi lui tenir compagnie.


(suite)


*


Nous étions samedi et la journée était ensoleillée, le vieil homme en profita pour passer par le parc des enfants. Il resta là un long moment à observer leurs jeux, puis continua son pèlerinage quotidien vers le square du centre ville en prenant quelques photos ici et là.

Comme toujours, Octavio était au rendez-vous et semblait user de tout son emportement devant une femme à qui il venait d’offrir une fleur.

─ Tiens, si ce n’est pas mon bon ami, lui dit le poète.

Le vieil homme fut le premier cette fois-ci à lui tendre la main.

─ Comment allez-vous aujourd’hui? Dit l’autre en déposant ses bouquets de fleurs.

─ Pas si mal, et vous?

─ Merveilleusement bien… Vous avez vu comment les couleurs sont apparues dans les arbres en moins d’une semaine? J’adore ce spectacle!

─ Bah… Toutes ces couleurs indiquent aussi que les feuilles vont bientôt tomber…

─ Ne soyez pas si pessimistes, les feuilles sont exactement comme les humains… Elles sont à leur apogée de fragilité et de mystère quand elles naissent sous la forme d’un bourgeon, mais aussi quand elles se colorent avant de faire le grand saut final… C’est un peu comme ces gens qui vont dans les églises habillées de leurs plus beaux vêtements… On dirait qu’ils se préparent inconsciemment pour affronter leur mort, mais c’est surtout pour bien paraître devant les portes du paradis qu’ils font ainsi…

─ Je préfère de loin les bourgeons, lui dit le vieil homme d’un ton bourru.

─ Le printemps est effectivement une saison magni-fique… Les bourgeons deviennent même parfois de très jolies fleurs éphémères qui tombent comme l’enfance en nous… Les feuilles retrouvent ensuite certains vestiges de ce passé alors qu’elles resplendissent de tout ce qu’elles ont vécu pendant l’automne… Mais je vous l’accorde, la naissance à quelque chose d’une grande pureté…

Les deux hommes contemplèrent un instant les immenses Tilleuls qui se gorgeaient de la lumière du soleil. Leurs feuilles d’un jaune vif éclaboussaient le square d’un éclat presque irréel.

─ Vous avez des enfants? Lui demanda le vieil homme.

Octavio regretta d’avoir lui-même amené le sujet de la naissance dans leur conversation.

─ Non… Et vous?

─ Malheureusement non… Ma femme et moi avons peut-être trop attendu… Quand son horloge biologique a sonné, nous avons essayé, mais elle n’est jamais parvenue à tomber enceinte… Je m’en suis longtemps voulu vous savez et ce, même si nous n’avons jamais voulu savoir si c’était elle ou moi qui étais infertile ou si c’était simplement le hasard qui en avait voulu ainsi… C’est toutefois elle qui a le plus souffert de la situation et qui a dû accepter cette cruelle réalité…

─ C’est effectivement terrible pour certaines femmes de ne pas être en mesure de donner naissance à un enfant… On dirait que c’est une atteinte directe à leur féminité… Pour ma part, c’est plutôt la peur d’en avoir qui m’a toujours fait reculer…

Le vieil homme parut surpris.

─ La peur?

─ Disons que j’ai toujours eu une certaine crainte de l’engagement et avoir un enfant est probablement le plus grand sacrifice de soi-même que l’on peut faire… À l’époque de Gaïa, je n’étais peut-être pas encore prêt à laisser tomber toutes mes barrières et quand j’ai finalement compris, elle s’était envolée…

─ Si ce n’est pas indiscret, il y longtemps qu’elle est décédée?

─ Elle avait trente-huit ans… Un cancer des ovaires qui a rapidement réglé la question des enfants, puis qui s’est ensuite attaqué à sa vie…

Un vaste champ d’une blancheur inouïe s’étendit à travers son regard.

─ Je vous dirais bien mes condoléances, mais je déteste ce genre de politesse insipide… Le vieil homme frappa toutefois gentiment sur l’épaule du poète en guise d’empathie.

─ N’ayez crainte, je pense la même chose que vous… Les mots sont superflus quand une même douleur relie deux âmes… Il faut seulement apprendre un peu de celle-ci et surtout prendre le temps de s’en libérer…

─ N’est-ce pas utopique comme vision?

─ Peut-être, mais j’aime le croire… La souffrance est à l’intérieur même de nos souvenirs, mais le temps qui passe permet d’atténuer cette sourde vibration qui fait si mal au début…

─ Mais si la vibration s’atténue comme vous le dites, n’est-ce pas plutôt le souvenir lui-même qui perd une partie de sa teneur? Vous parliez tout à l’heure de la beauté des feuilles à l’automne, mais vous n’avez pas peur de perdre la source même de cette souffrance?

─ L’arbre ne meurt pas de la perte de ses feuilles cher ami… Il prend simplement de grandes respirations hivernales pour donner un nouveau souffle à ses souvenirs… Chaque sillon de son écorce en est la preuve et reste gravé à jamais de ce qui l’a vu grandir saison après saison…

Le vieil homme resta pensif. Il sentait sa propre écorce se fendre par la puissance du froid qui avait saisi son âme depuis plusieurs semaines maintenant. Il sentit cependant un brin d’espoir en entendant les propos de l’homme aux fleurs.

─ Merci! Lui dit-il. Je crois que je vais continuer de promener ma vieille carcasse, histoire de prendre de grandes respirations hivernales comme vous le dites si bien…

Ils se saluèrent cordialement et c’est à ce moment que le vieil homme crut remarquer l’ombre d’un chat qui se faufila rapidement entre deux arbustes dès qu’il tourna la tête vers lui.

*


*

(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!

Evanescence (page 126 à 128)


Elle comptait maintenant analyser chacune de ses correspondances espérant y déceler un indice qui auraient pu transformer un admirateur virtuel en un scintillant Papillon.


(suite)


*


La chambre est minuscule, mais ergonomique. On n’y trouve aucune fenêtre et seul un plafonnier éclaire la pièce d’une lumière qui se dépose maigrement sur la table de chevet qui juxtapose un lit simple où est assis Monsieur Coton. Les murs tapissés de motifs bruns sur fond beige rendent l’atmosphère encore plus lugubre. Tout ici est planifié afin d’offrir au voyageur un minimum de confort pour la nuit, tout en l’incitant à y demeurer le moins de temps possible. Mais comment vivre dans un tel endroit quand on y est confiné pour des raisons totalement hors de son contrôle?

Monsieur Coton pleure sans trop savoir pourquoi. Le sifflement continu du vent qui s’immisce entre les parois des murs de cet hôtel japonais va finir par le rendre dingue. Il n’a pu quitter sa chambre depuis trois jours.

Tokyo est frappé par un typhon d’une force incroyable, coupant pratiquement la ville du reste du monde. Cette sensation d’isolement et d’impuissance est en train de faire craquer les nerfs du voyageur. En fait, Monsieur Coton ressent le poids de sa solitude avec virulence. D’autant plus qu’il va sûrement manquer son rendez-vous avec son seul confident, Chopin, qu’il n’a pas vu depuis plusieurs jours déjà.

Il aimerait être en mesure d’écrire à Eva-Nescencia. Lui décrire l’indéchiffrable beauté orientale qui s’épanouit avec une lenteur qu’on ne retrouve pas ailleurs, si ce n’est que dans l’éclosion de certaine fleur éphémère qui après vous avoir offert leur splendeur, baisse légèrement la tête en signe de déférence. Il se sent toutefois incapable d’inventer de telles émotions sans avoir l’impression de trahir sa muse. C’est ici, dans cette chambre d’hôtel, que depuis son arrivée, il subit le temps qui passe beaucoup trop lentement à son goût.

Ce phénomène météorologique a bizarrement ouvert la porte à toutes les larmes de son corps qu’il retenait depuis si longtemps. Monsieur Coton venait tout juste d’apprendre à rire et le voilà déjà qui fait face au difficile apprentissage de la tristesse.

C’est dans cet état d’oppression physique qu’il décide d’écrire une lettre à sa mère… Une lettre qu’elle ne lira jamais… Un cri du cœur, celui d’un enfant qui comme lui en ce moment, est prisonnier d’une minuscule bulle perdue dans un océan d’incompréhension…

En déposant son crayon, Monsieur Coton ferme les yeux et pense très fort à celle qui, bien involontairement, ne cesse d’ouvrir les tiroirs de sa vie.


*

(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!

mardi 14 septembre 2010

La part des ombres (134 à 136)


L’homme aux fleurs installa sa chaise pliante un peu en retrait du kiosque, alluma sa pipe, et alors qu’il sortait une première branche du bouquet, elle vit aussitôt revenir la lumière dans ses yeux.


(suite)


*


Le lendemain matin, le vieil homme s’arrêta à la boulangerie du coin et y acheta deux chocolatines en plus de commander deux thés pour apporter. Le gardien du cimetière le salua à son passage, mais comme toujours, il ne répondit pas à ses salutations et feignit même de l’ignorer. C’était cependant la première fois qu’il prenait conscience de ce rituel qui n’avait d’autre sens que de créer un lien particulier entre les deux hommes.

Il poursuivit sa marche et s’arrêta un instant pour photographier un banc vide dont l’ombre s’étirait mélancoliquement sur le gravier d’une allée. Alors qu’il s’apprêtait à prendre la photo, un immense chat tigré bondit sur le banc pour s’y asseoir. Il fut aussitôt convaincu que c’était le même que celui de la veille. Le vieil homme resta pétrifié devant cette seconde apparition. Il n’eut même pas le temps de baisser sa caméra que le chat disparut à travers les dédales des tombes. « Foutu sac à puce! », lui cria-t-il.

La solitude du banc qui l’avait préalablement inspiré le laissa maintenant de glace. Il préféra poursuivre son chemin et essayer d’oublier cette curieuse coïncidence en allant retrouver sa bien-aimée.

─ Salut ma belle… Tu vas bien ce matin?

Seul le croassement de quelques corneilles fit écho à ses paroles.

─ J’ai vu un chat pas très loin… J’espère qu’il ne t’embête pas trop avec tes allergies… C’est tout de même dommage, toi qui aimais tellement les animaux… Celui-ci ressemble étrangement à Chopin, mais je dirais qu’il est plus beau… Je sais ce que tu vas me dire, que j’ai toujours eu une dent contre le chat de ma mère, mais je n’y peux rien… Je l’ai détesté d’ambler, car dès son adoption, ma mère s’est lentement mise à changer… Tu disais que c’était un hasard, mais je n’ai jamais pu m’enlever l’idée de la tête que ce chat était mesquin au point de s’accaparer de la mémoire de ma pauvre mère… Je sentais dans son regard hautain qu’il savourait sa suprématie sur le monde entier alors qu’il trônait sur les jambes de sa maîtresse qui passait maintenant ses longues journées à le flatter d’un regard absent… Elle était la seule à pouvoir l’approcher mis à part toi, mais ça, c’était loin d’être une surprise…

Au moins, les chats du coin te font peut-être un peu de compagnie…

Le vieil homme déposa les deux chocolatines et les thés sur les dizaines de photos qui recouvraient presque entièrement la sépulture de sa femme.

─ Tiens, celle-ci est pour toi et je t’ai pris un thé à la menthe comme tu l’aimes…

Il but son thé silencieusement, puis il prit celui de sa femme qui était maintenant rendu froid et le but d’un trait. Il colla alors quelques nouvelles photos puis quitta péniblement l’endroit en laissant toutefois l’autre choco-latine intacte sur le monument. Qui sait si le faux Chopin n’allait pas venir ainsi lui tenir compagnie.


*


(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!

Evanescence (page 124 à 126)


Eva décida donc de changer de piste pour orienter maintenant ses recherches vers les différents hommes avec qui elle avait échangé via Internet quelques mois auparavant.


(suite)


*


Beaucoup trop curieuse pour ne pas réagir face aux événements, Eva s’acheta aussitôt un vieil ordinateur usagé et s’abonna à un service Internet. Elle voulait absolument trouver des indices sur ce mystérieux Papillon qui enivrait de plus en plus son esprit.

Elle se souvenait avoir passé plusieurs soirées devant l’ordinateur de son père à clavarder avec des inconnus, mais personne selon elle, s’était vraiment démarqué du lot. Elle espérait toutefois pouvoir déjouer son admirateur si celui-ci se trouvait parmi une de ces correspondances virtuelles.

Eva ne conservait que très peu de souvenir sur ces échanges qui s’étaient déroulé au printemps passé. Son esprit cherchait alors bien plus à comprendre les raisons qui avaient poussé Olivier à la quitter après plus de trois ans où ils avaient formé un couple quasi symbiotique. Il lui avait tout bonnement annoncé un jour qu’il ne se sentait plus en mesure de bâtir une relation autre qu’amicale avec elle et c’est ainsi que tout s’était terminé. C’est donc dans le désarroi total provoqué par cette situation qu’elle s’était lancée sur la béquille Internet.

Malheureusement pour elle, rien ne fut en mesure de lui faire oublier celui avec qui elle avait connu une extraordinaire complicité qui s’était lentement forgée pendant toute leur enfance. Cette amitié s’était peu à peu transformer durant leur adolescence pour devenir un amour indéfectible. Eva croyait même avoir eu la chance exceptionnelle de rencontrer son âme sœur juste au bout de la rue. Ce voyage s’était subitement fracassé contre un mur et leur route, jusque-là unique, s’était scindée en deux quand Olivier lui avait courageusement annoncé qu’il se croyait amoureux de son professeur d’art. La jeune Eva n’avait pas pleuré devant lui. Elle était simplement partie, sans rien dire à celui qui venait de détruire en quelques phrases ce qu’une vie s’était appliquée à ériger.

Elle fut alors confronté au choc étourdissant d’avoir perdu instantanément son premier amour et du même coup, de devoir essayé d’oublier la partie la plus belle de son enfance.

Cette déchirure provoqua un véritable raz-de-marée dans son existence et ce n’est que quelques mois plus tard, qu’elle découvrit les vertus thérapeutiques du clavardage sur internet.

Pendant ces quelques semaines, elle fit tout pour se changer les idées en prenant soin d’entretenir une multitude de correspondances avec des gens dont elle pouvait parfaitement contrôler la place dans son cœur. Internet semblait le moyen parfait pour redorer un peu son estime d’elle-même tout en ouvrant quelques portes qui allaient assouvir sa soif d’existence.

Son désir d’exaltation se transforma plus tard en coup de tête alors qu’elle partit s’installer à Paris, abandonnant une partie de son passé à Perpignan et quittant ce monde virtuel qui n’était plus en mesure de combler le vide qui ne cessait de la gruger.

Eva avait heureusement conservé tous les messages qu’elle avait reçu pendant cette période sur une adresse courriel qu’elle avait crée spécialement pour l’occasion et dont elle n’utilisait plus qu’occasionnellement pour donner de ses nouvelles à ses parents. Elle comptait maintenant analyser chacune de ses correspondances espérant y déceler un indice qui auraient pu transformer un admirateur virtuel en un scintillant Papillon.


*


(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!