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jeudi 1 juillet 2010

evanescence (page 34 à 37)


À 18h00, heure de la fermeture du parc, Monsieur Coton retourne chez lui afin de poursuivre son entretien littéraire avec Camus.

Il s’endort ce soir-là dans l’attente fébrile de revoir Eva-Nescencia…

***

(suite)


Lundi…

— Heureuse de vous revoir Jean!

Eva guida son client vers sa table et tira une chaise pour l’inviter à s’asseoir, mais celui-ci choisit celle de l’autre côté.

Monsieur Coton déteste le côté gauche des choses. À la table, il choisit toujours de s’asseoir du côté droit; il dort aussi de ce côté du lit; il dépose toujours sa brosse à dents à la droite du dentifrice et c’est dans la poche droite de son veston qu’il dépose le montant exacte de son journal chaque matin.

Eva n’en était pas à une surprise près avec son client. Elle lui sourit et lui tendit le menu.

— Je vais prendre la salade parisienne! dit-il avant même d’avoir eu le document entre les mains.

Quelques instants plus tard, alors qu’Eva déposait devant lui un grand bol de salade entouré par d’immenses pétales de tomates, Monsieur Coton prit son courage à deux mains et lui posa une question :

— Dites-moi Eva-Nescencia, de quelle nationalité êtes- vous? Il prononça son prénom comme on chuchote le nom d’un enfant endormi.

Devinez! lui dit-elle avec un enthousiasme débordant.

C’est que je ne suis vraiment pas très bon dans les devinettes…

— Raison de plus pour vous forcer un peu Jean…

Monsieur Coton n’avait jamais aimé être prit au dépourvu, mais puisqu’il avait lui-même posé la question, il prit le moins de chance possible en répondant.

— Je dirais certainement européenne!

— Mais c’est que vous êtes beaucoup trop perspicace mon cher… dit-elle d’un ton sarcastique.

Elle disparut aussitôt vers les cuisines d’où elle revint avec les plats commandés à une table voisine.

Et puis, vous avez trouvé mieux? lui dit la jeune femme en passant.

Monsieur Coton se sentit presque froissé par cette impertinence et cette envoûtante liberté qui émanait d’elle.

Eva lui apprit alors qu’elle était Française, née à Perpignan, mais de parents immigrés. Elle lui parla ensuite un peu de son enfance, puis plus particu-lièrement de sa mère d’origine espagnole. Celle-ci, étant comédienne dans une petite troupe de la commedia dell’arte, fut très souvent absente de la maison en raison de son métier. Son père, d’origine russe, était pour sa part pianiste de réputation strictement régionale. Il fut donc obligé d’enseigner à gauche et à droite afin de réussir à payer le loyer, mais la jeune Eva ne manqua jamais de rien, surtout pas d’amour dans cet univers familial très particulier.

Monsieur Coton remarqua que la voix d’Eva avait changé lorsqu’elle avait parlé de ses parents. Ses yeux respiraient alors d’un souffle d’admiration. Elle était belle, et sa beauté à cet instant précis s’était accrue, comme si une brise du passé s’infiltrait doucement en elle pour venir l’irradier.

En sortant du restaurant, Monsieur Coton prit une grande inspiration afin d’absorber cette dose massive d’émotions et retourna lentement vers son travail.

***


(À suivre)

* Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase.
Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister...
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