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vendredi 2 juillet 2010

Evanescence (page 37 à 40)


En sortant du restaurant, Monsieur Coton prit une grande inspiration afin d’absorber cette dose massive d’émotions et retourna lentement vers son travail.

***

(suite)


Mardi…

— Bonjour Jean! Votre nouvelle moustache vous va très bien!

— Merci… bredouilla-t-il d’un air qui ne pouvait cacher la gêne qui venait d’empourprer son visage.

Eva venait par cette simple phrase de justifier le geste fou qu’il avait commit en se levant.

Monsieur Coton s’était réveillé cinq minutes plus tôt qu’à son habitude afin de tailler sa moustache pour la rendre un peu moins austère. Il avait eu cette idée saugrenue la veille en se couchant et ce matin, il avait osé la réduire pour la première fois depuis des années. Il s’était alors senti un tout autre homme jusqu’à ce que sa voisine lui dise comme tous les matins de sa même voix nasillarde:

« Beau costume Monsieur Coton! »

Elle n’avait rien remarqué, pas plus que Madame Bataclan qui avait recueilli ses habits comme à son habitude! Il avait même poussé l’audace jusqu’à offrir de maigres sourires aux employés de la banque qu’il rencontrait, mais personne n’avait remarqué le change-ment avant qu’Eva-Nescencia ne lui fasse ce compli-ment.

Cette fois-ci, elle tira la chaise placée du côté droit de la table tout en déposant le menu ouvert directement devant lui.

Une salade parisienne! dit-il.

— Je vois que vous aimez bien la salade… Il y a pourtant un cassoulet maison digne de mention ce midi…

— Je vous remercie, mais je vais prendre la salade…

No hay problema! lui dit-elle en partant vers la cuisine.

Lorsqu’elle revint avec son bol de salade, Monsieur Coton lui demanda si elle parlait couramment l’espagnol.

Je le parle presque aussi bien que le français, et je me débrouille de mieux en mieux en anglais à cause des touristes… Pour la langue russe cependant, je la comprends un peu à cause de papa, mais je n’en bredouille que quelques mots…

Monsieur Coton fut impressionné.

Et vous Jean, vous parlez une autre langue que le français?

— Malheureusement non, sauf le langage des chiffres… Les langues, c’est surtout pratique pour voyager alors que moi, je reste depuis toujours dans ce quartier… Disons que mes voyages se font purement d’une manière littéraire…

— Vous devriez pourtant le faire… Visiter le monde est certainement un de mes plus grands rêves… Je crois que j’ai toujours ressenti le besoin de découvrir certains mystères qui se cachent dans l’immensité de notre belle planète… Vous imaginez que pendant que nous vivons la journée d’aujourd’hui, certains vivent déjà demain…

Eva prononça ces paroles avec l’emportement d’une petite fille alors que le scintillement de ses yeux était devenu le miroir de ses rêves vagabonds. Elle reprit son souffle et lui dit :

— Je n’ai malheureusement jamais encore eu la chance de voyager, et présentement, tout comme vous, je me laisse plutôt transporter par les mots qui me transportent tout de même très loin…

Monsieur Coton resta songeur en l’écoutant. Où puisait-elle cette force et cette confiance qui exultait de chacun de ses gestes et comment cette femme pouvait-elle n’éprouver aucune inhibition face aux rigueurs de la vie?

Il se dit qu’elle devait certainement être malheureuse à quelque part et qu’on ne pouvait pas toujours vivre avec l’ombre d’un rêve à nos trousses…

Il contempla encore une fois l’intensité de son sourire pendant qu’elle servait un autre client et dut admettre, malgré toutes ses études en mathématiques et sa rationalité reconnue, qu’il n’avait probablement encore rien compris à la logique de la vie.

***

(À suivre)

* Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase.
Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister...
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1 commentaire:

  1. "Vous imaginez que pendant que nous vivons la journée d’aujourd’hui, certains vivent déjà demain…"
    Parfois cela semble à l'obstacle irrésistible, quand nous sommes divisés par l'océan et le temps, а parfois........ nos mots et les pensées nous unissent comme si tout à fait côte à côte!-".....les mots qui me transportent tout de même très loin…"

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