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vendredi 9 juillet 2010

Evanescence (page 56 à 58)


Une vieille dame aux yeux trop fatigués pour pleurer se leva et s’approcha discrètement de lui. Il sentit son souffle acre contre sa joue lorsqu’elle se pencha vers lui afin de l’embrasser comme une mère embrasse son enfant. Un lent sourire d’étonnement se dessina sur le visage du lecteur. Monsieur Coton la regarda s’éloigner en pensant que pour une fois, il avait probablement été utile à quelqu’un et d’une manière beaucoup plus humaine qu’avec les chiffres. À cet instant, il eut la certitude qu’il n’avait qu’une seule solution afin de dominer ses peurs : essayer de rendre les autres heureux autour de lui.


***

(suite)


Lundi…

« Le problème avec les fleurs, c’est que pour attirer notre attention, elles se doivent de revêtir leurs plus belles couleurs et exhaler leur divin parfum, mais encore plus grave, c’est qu’elles ont à rivaliser avec le charme de celle qui les reçoit. Dans ce cas-ci, malgré l’intensité déployée du jaune et du bleu, elles ne peuvent espérer qu’être illuminées par vous tel un caméléon déposé entre vos doigts. »

Monsieur Coton déchire encore une fois ce mot qu’il tente désespérément d’écrire à Eva.

Ce matin, il est passé chez le fleuriste et il a acheté un petit bouquet de jonquilles et de lys pour accompagner le livre qu’il veut lui remettre. Il aimerait trouver les mots justes, les mots qui comme son prénom, ne pourraient convenir qu’à elle. Il se sent toutefois incapable d’exprimer si clairement le trouble qu’elle exerce sur lui. Il choisit donc de simplement lui offrir ces fleurs à la fin du repas en prétextant une quelconque vente à rabais chez le fleuriste pour la remercier de son livre.

— Oh…comme s’est gentil! Si tous mes clients étaient comme vous, je serais la plus choyée des femmes de Paris…

Eva venait de porter le bouquet à la hauteur de son visage afin de mieux se délecter de ce si doux parfum.

Vous savez, c’est la première fois qu’on m’offre des fleurs…

Vous rigolez j’espère! Une jeune femme telle que vous ne peut qu’avoir des dizaines de soupirants…

Eva ne répondit pas… Elle ferma les yeux pour essayer de contenir ses larmes qui déjà, s’écoulaient le long de son visage.

Devant cette soudaine tristesse, Monsieur Coton s’excusa d’avoir éveillé de mauvais souvenirs. Il aurait aimé toutefois être la raison de ces larmes et non en être la cause.

— Je suis désolée dit-elle. Disons que j’ai laissé une part importante de mon passé dans une petite ville du sud de la France et que vos paroles n’ont été que la goutte qui a fait déborder le vase d’une journée un peu trop nostalgique à mon goût…

Eva secoua la tête, prit une grande respiration et lentement, redessina un sourire sur son visage. Elle le remercia encore pour les fleurs en lui faisant la bise avant qu’il ne quitte le restaurant pour retourner à son travail.

À sa sortie du restaurant, Monsieur Coton se sentait désemparé devant la tristesse de la jeune femme, mais du même coup, il fut transporté par sa propre audace. S’il avait été incapable de lui donner le mot qu’il avait écrit pour elle, il avait tout de même trouvé le courage de lui acheter des fleurs et il était surtout le premier à lui avoir offert un tel présent. Cette pensée fut tellement réjouissante qu’il se présenta chez Madame Bataclan avec un dynamisme qu’elle ne lui avait encore jamais connu. Surprise, elle lui demanda le secret de cette soudaine métamorphose.

— Je n’ai pourtant pas changé… ou si peu… Je n’avais tout simplement jamais cru aux contes de fées…

***

(À suivre)

* Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase.
Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister...
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