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jeudi 8 juillet 2010

Evanescence (page 54 à 56)


Monsieur Coton quitta le restaurant, transporté par une puissante sensation de bien-être qui le porta jusqu’au libraire du coin. Il voulait y acheter une copie neuve de « L’angoisse du roi Salomon » pour en faire la lecture à Chopin le lendemain. Il espérait ainsi qu’Eva allait accepter cette nouvelle copie pour qu’il puisse conserver l’exemplaire qu’elle avait bercé dans ses mains et qui l’avait tant ému.

***

(suite)

Dimanche…

Malgré la splendeur du temps, Monsieur Coton décida de ne pas faire sa tournée hebdomadaire des bouqui-nistes ce jour-là et il se dirigea plutôt directement sur le chemin de l’avenue Philippe Auguste à partir de la place de la Nation pour se rendre jusqu’au père Lachaise.

Monsieur Coton a toujours eu l’habitude de prendre ce chemin pour retourner chez lui, et puisqu’il préfère marcher du côté droit de la rue, son attention s’est toujours portée sur les commerces qui longent ce côté de l’avenue. Il se sentit donc totalement dépaysé par son nouvel itinéraire, mais il apprécia le spectacle.

Arrivé au cimetière, il se dirigea aussitôt vers la sépulture de Chopin où il retrouva son jeune chat, puis après lui avoir servit son repas, il débuta sa lecture à haute voix qu’un vent venait disperser à travers les feuilles desséchées du mois d’octobre qui embaumait les lieux de leur parfum particulier.

Cette troisième lecture sembla le troubler davantage, comme s’il prenait encore plus conscience de la portée du livre et de ses probables conséquences sur lui.

Sa voix se brisa même lorsqu’il arriva à une phrase troublante qui l’avait tant inspiré précédemment…

« On est toujours plus vieux qu’on ne le croit, mais aussi plus jeune qu’on ne le pense. »

(L’angoisse du roi Salomon)

Monsieur Coton laissa rouler une larme sur sa joue. Il se sentit plonger au cœur même d’un puissant paradoxe entre la peur qu’il ressentait d’accepter cette sensibilité naissante et l’espoir fou qu’il nourrissait sur le baume qu’Eva-Nescencia venait de déposer sur l’immense plaie qu’était devenue sa vie. Il releva la tête, toujours absorbé par l’intensité de cette troublante histoire, et c’est alors qu’il remarqua les quelques personnes qui s’étaient assises près de lui et qui l’écoutaient en silence dans une sorte de recueillement. Même Chopin, le chat, était resté confortablement installé à ses côtés et semblait profiter des dernières caresses du soleil tout en lui prêtant l’oreille.

Une vieille dame aux yeux trop fatigués pour pleurer se leva et s’approcha discrètement de lui. Il sentit son souffle acre contre sa joue lorsqu’elle se pencha vers lui afin de l’embrasser comme une mère embrasse son enfant. Un lent sourire d’étonnement se dessina sur le visage du lecteur. Monsieur Coton la regarda s’éloigner en pensant que pour une fois, il avait probablement été utile à quelqu’un et d’une manière beaucoup plus humaine qu’avec les chiffres. À cet instant, il eut la certitude qu’il n’avait qu’une seule solution afin de dominer ses peurs : essayer de rendre les autres heureux autour de lui.

***


(À suivre)

* Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase.
Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister...
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