
J’ai déjà ressenti la démesure amoureuse et celle-ci m’avait même permis de donner une tout autre interprétation à la théorie de la relativité, mais là, je crois que cette fille vient d’éclipser tout ce que j’avais mis tant de temps à déconstruire.
Elle s’appelle Cédrika…
(suite)
« Puis ce fut Paris… La seule et unique ville au monde dont je rêvais et qui nous accueillit avec la propension naturelle qu’on ces endroits qui aiment se laisser découvrir comme les grands vins dans un imperceptible amalgame de toute leur intimité. Mais ce jour là, j’ai eu peur. Peur justement de cette soudaine intimité entre elle et moi, comme si le poids historique de cette ville ne nous permettait plus de nous élever, mais illustrait plutôt la petitesse de notre statue d’humains et non de Dieu.
Je me souviens d’être entré avec elle dans un petit hôtel de la rue Saint-André des arts situé dans le magnifique quartier de Saint-Germain-des-prés et d’y avoir fait l’amour dans une symbiose peu commune, mais qui à la fin, nous fit pleurer comme deux enfants. »
*
— Raconte-moi tout…
Cédrika tentait vainement de retrouver ses esprits après s’être fait réveiller encore une fois par le coup de téléphone de sa meilleure amie. Elle fut cependant heureuse d’entendre sa voix, mais déçue de quitter un si beau rêve.
— Salut Lili! Ça t’arrive de dormir parfois?
― J’arrive d’une soirée, mais j’avais trop le goût de savoir comment s’était passé ton rendez-vous…
― Espèce de curieuse… En passant, tu te rappelles de mon bustier blanc, celui que tu dis que je porte toujours… Eh bien tu vas être contente, car il n’existe plus…
Lori ne comprit rien au charabia de son amie.
— Mais qu’est-ce que tu racontes? Je t’appelle pour savoir comment s’est passée ta rencontre avec Gabriel et tu me parles de ton bustier?
Qu’est-ce qui s’est passé?
Vous avez fait l’amour comme des bêtes et il l’a déchiré dans un élan passionné?
Cédrika se mit à rire.
— Au moins si c’était le cas… Non, c’est Canaille qui a fait des siennes… Tu devrais voir dans quel état elle l’a mis ainsi que mes fameuses bottes de cuir…
― Mais on s’en fout de ton chat et de ton bustier… Raconte-moi l’important… Vous vous êtes embrassé? Tu ne peux pas parler car il est couché à côté de toi?
Il a un frère jumeau et célibataire?
La jeune femme était morte de rire devant la démesure qui caractérisait souvent la curiosité de Lori, surtout quand il s’agissait des potins artistiques qu’elle ne cessait de lire dans les journaux ou tout ce qui touchait de près aux courriers du cœur de sa meilleure amie.
— Rien de tout ça… Nous avons passé la journée ensemble beaucoup plus tôt que prévu, puis on a marché très longtemps près du port tout en racontant nos vies respectives comme deux moulins à paroles… J’ai chanté aussi, dit-elle en riant.
— Et il ne s’est pas enfui?
― Non… Il a même éclaté de rire devant mes emportements… Il est adorable avec sa légère réserve comme s’il devait pondérer sa propre folie…
― Ce type est un saint, lui dit Lori en se moquant d’elle. Mais tu ne vas pas me dire que vous avez seulement parlé et marché?
Aucun rapprochement?
― Je ne crois pas sérieusement que nous aurions pu être plus près l’un de l’autre… Il n’y avait que l’air qui nous séparait et un peu moins lorsqu’il a pris ma main pour se dépêcher d’aller voir de plus près une sorte de pélican que nous venions d’apercevoir sur un quai en plein nuit…
― Je n’en reviens pas… Tu es vraiment terrible Ced… Marcher, parler, chanter, rire, et voir un oiseau… Tu devrais écrire des chansons et me laisser le reste… Je ne lui aurais pas fait de mal moi à ce garçon si tu n’avais pas été présente au café quand il est arrivé… Je lui aurais même proposé de faire la vaisselle dans l’arrière-boutique plutôt que de lui faire payer son chocolat chaud, dit-elle en ne pouvant contenir un puissant éclat de rire.
― Trop tard pour toi, lui dit Cédrika avec une pointe d’ironie.
― Et vous vous revoyez quand?
— Je ne sais pas… Rien de prévu pour le moment, mais je l’ai déjà revu dans le rêve que tu viens de couper il y a quelques minutes… J’ai son numéro et il a le mien alors nous verrons…
― Une chance qu’il a le tien, car avec toi, je suis certaine que tu ne l’appellerais même pas…
― De quoi tu parles… Tu me crois incapable d’assumer mes sentiments?
― Je crois surtout que chaque seconde qui te sépare de cet appel sera teintée d’une raison supplémentaire pour ne jamais lui téléphoner…
— Pfff! N’importe quoi…
Les deux jeunes femmes se laissèrent sur cette note, plongeant du même coup Cédrika dans un question-nement existentiel qui retarda beaucoup ses retrou-vailles « rêvastique » avec Gabriel.
*
(À suivre)
Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!
hummm l'apesanteur insensée et la douce folie d'une rencontre...
RépondreEffacercomme trop rare dans la 'vraie vie'. Vite la suite! :D
Nathalie
l'apesanteur insensée... wow... belle image pour une rencontre si intense...
RépondreEffacerMerci M. l'artiste! :o)
RépondreEffacermes modestes mots ne sont inspirés que par les tiens.
Nathalie