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Eva venait de lui donner un baiser pour le remercier avant de lui dire: « Vous êtes trop gentil! »
C’était plus qu’il ne pouvait en prendre. Eva repartit vers une autre table pour continuer son travail et il en profita pour s’éclipser du restaurant en laissant un gros pourboire derrière lui.
Monsieur Coton marche maintenant dans les allées du père Lachaise. Il se sent mesquin et surtout bien loin de la gentillesse qu’Eva lui a prêtée un peu plus tôt.
Le pendentif est toujours attaché à son cou lorsqu’il se présente devant l’entrée du cimetière. Nous ne sommes pourtant pas dimanche, mais il a ressenti l’urgent besoin d’être guidé dans sa décision par une force extérieure et il a choisi de rendre visite aux deux Chopin.
Monsieur Coton avance lentement parmi cette foule de touristes qui déambulent tout comme lui dans les allées en cherchant quelque chose d’imprécis dans ce royaume des morts. Des touristes en quête de vestiges du passé comme on le fait chez un antiquaire, lui, d’une solution d’avenir comme on le fait en consultant une voyante. Mais à quelque part, cette recherche n’est-elle pas la même?
Monsieur Coton reste un long moment à méditer devant le buste blanc du célèbre compositeur. D’un côté, il se sent incapable de se séparer de ce qui le relit si intensément à Eva-Nescencia, mais du même coup, il sait qu’il ne sera jamais en mesure de continuer à affronter son mensonge comme il vient tout juste de le faire devant elle.
C’est à ce moment qu’apparaît soudainement l’idée qui va tranquillement faire son chemin dans son esprit, dissipant en partie le brouillard de toutes ses questions.
Eva rêvait du monde…
Pourquoi ne lui offrirait-il pas le plus mystérieux des voyages?
II
« …Veuillez agréer mes sentiments les plus distingués.
Jean Coton, comptable »
Monsieur Coton relit la lettre qu’il vient d’écrire à l’intention de son supérieur. Il est satisfait du ton qui s’en dégage. Arrivé à la banque à 17h00, il s’est enfermé dans son bureau afin de mettre au clair sa démarche et savourer cette folie qui à mesure qu’elle prenait forme, lui semblait de plus en plus déraison-nable. Mais pour une fois, il doit assumer ses choix et aller jusqu’au bout de son idée, espérant ainsi donner raison à Eva-Nescencia.
Toujours aussi consciencieux, il a relu certaines clauses de la convention collective des employés afin de respecter judicieusement le règlement avant d’écrire sa lettre pour faire part à la direction qu’il demandait un congé sans solde pour des raisons personnelles. Il range alors impeccablement tous ses dossiers dans la filière, vide sa carafe d’eau, prend sa collection de crayons et laisse la lettre à la secrétaire du directeur avant de quitter l’endroit d’un pas décidé. Il lui reste maintenant la partie la plus importante et la plus inquiétante à faire de sa décision: planifier leur voyage.
*
(À suivre) * Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur *( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!
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