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samedi 7 août 2010

Evanescence (page 86 à 88)


Fort de cette soudaine révélation, il quitta l’endroit en remerciant encore une fois Chopin d’un léger soulève-ment de son chapeau melon.

(suite)


*


Dimanche…

Paris s’est finalement vêtue de son costume automnal alors que la pluie continue de s’écouler sur la ville, faisant tomber lourdement les dernières feuilles d’automne.

Monsieur Coton marche lentement vers le cimetière du père Lachaise. Il sait déjà que le décor sera complètement différent de ce qu’il a vu la semaine précédente puisque l’austérité des monuments funé-raires ne sera plus adoucie par la luxuriante végétation colorée qui donnait une âme particulière à l’endroit.

Rendu sur place, il réalise bien vite qu’il n’est pas seul aujourd’hui malgré la pluie qui n’a pas cessé. Nous sommes la Toussaint et bien des gens ont décidés de profiter de cette journée pour venir commémorer les morts et fleurir une dernière fois les tombes de leur famille avant que s’installe définitivement la grisaille de l’hiver parisien.

Il semble impossible pour Monsieur Coton de se rendre jusqu’à la sépulture de Chopin tant les chemins sont encombrés de passants. Il retrouve toutefois son chat quelques minutes plus tard comme si celui-ci l’attendait déjà.

Cet après-midi-là, le chat eut droit à ses sardines habi-tuelles, mais il eut aussi le droit d’entendre le début du roman « La vie devant soi » de Romain Gary.

C’est sous un arbre adjacent la tombe du célèbre compositeur que Chopin, le chat, ronronna pour la toute première fois au contact de son mécène alors que celui-ci lisait à haute voix. Monsieur Coton fut troublé de constater que l’on pouvait apprécier une caresse de sa main...

Mise à part la chaleur qu’Eva-Nescencia lui avait récemment témoignée, il lui était impossible de se rappeler à quand remontait son dernier contact physique avec quelqu’un. Un contact autre que les occasionnelles poignées de main ou les deux bises que sa vieille tante lui infligeait avec froideur lors de sa visite annuelle. Probablement à l’université avec Claudine pensa-t-il. Ils avaient alors dansé ensemble et Monsieur Coton se souvenait encore parfaitement de la sensation d’étouffement qu’il avait ressenti lorsqu’elle l’avait enlacé avec ferveur. Il avait toujours conservé un profond dégout de ce souvenir, mais la présence de son chat blotti contre lui venait de le troubler. Il réalisa ainsi qu’il lui serait impossible de partir trop longtemps en voyage. Qui allait lire pour l’un des Chopin et nourrir l’autre s’il ne revenait pas tous les dimanches?

La panique d’abord provoquée par cette pensée fit rapidement place à la consolation : Eva-Nescencia n’allait pas trop s’ennuyer.

*


*

(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!

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