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Eva lui fit un clin d’œil et lui tendit le bras, l’invitant à l’accompagner au restaurant en lui promettant le plus fastueux des repas.
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Bien après le départ de Monsieur Coton, la jeune femme vint saluer son patron avant de quitter le restaurant pour se rendre chez-elle. Il était maintenant 22h10. Eva-Nescencia marchait paisiblement en direction de son appartement. Elle ne s’était jamais réellement préoc-cupée d’un quelconque danger dans sa vie et surtout pas du fait de marcher seule dans les rues de Paris en pleine nuit. C’est peut-être d’ailleurs cette attitude de confiance pour tout ce qu’elle entreprenait qui constituait son principal gage de sécurité. Elle rentra donc chez elle à pied comme à son habitude sans ressentir la moindre crainte. Mais ce soir-là, la jeune femme ne s’aperçut pas qu’elle était suivie à distance par un homme…
Un homme au chapeau melon…
Eva-Nescencia habite au 135 rue Delescule, dans un minuscule appartement où les livres servent autant d’inspiration que de mobilier. On dirait que cette quantité impressionnante de bouquins absorbe toute la lumière naturelle de la pièce conférant aux lieux un air ténébreux comme dans les vieux appartements russes des romans de Dostoïevski.
Eva s’est tout de même bien installée dans ce palais de papier. Elle partage son lit avec « Pollux », son tigre de maison au poil de neige comme elle aime bien l’appeler. Elle possède aussi un petit réfrigérateur, un poêle au gaz, et une quantité phénoménale de bibelots qui sont éparpillés un peu partout sur des piles de livres, petites pièces de collection hétéroclites qu’elle récupère dans les poubelles et qui lui servent autant de décorations que de jouets pour son chat.
Eva a développé cette habitude un peu bizarre de fouiller dans les ordures de ses voisins depuis des années. Elle cherche surtout les lettres jetées ou les bouts de papier qui peuvent par la suite nourrir son imagination. C’est sa façon à elle de découvrir et de s’inventer la vie des gens de son quartier. C’est ainsi qu’elle a gentiment surnommé son voisin du haut « Casanova », puisqu’elle est convaincue qu’il passe son temps à écrire des lettres d’amour. La nuit venue, elle perçoit très clairement le son particulier de sa machine à écrire et le lendemain, elle trouve souvent des feuilles qu’il jette en boule dans ses ordures. Eva en a déjà récupéré une belle collection qu’elle prend la peine de repasser avec un fer pour leur redonner un semblant de forme.
Il y a aussi « Madame Craquelin », sa voisine du bas, qui selon la jeune fille, est probablement en voie d’ouvrir sa propre usine de biscuit aux brisures de chocolat en constatant le nombre incroyable de boîtes vides qui traînent dans ses sacs à ordures.
Et que dire du vieil homme qu’elle appelle vulgai-rement « matricule 138 » à cause de son adresse.
Ce vieux fou vicieux et machiavélique qui habite en face de chez elle l’a tout d’abord charmée. Tous les matins, elle le voyait déposer des graines pour les pigeons du quartier dans une sorte de pot de fleurs accroché à sa fenêtre. Eva, qui a toujours adoré les animaux, s’est donc laissée toucher par le geste du vieil homme jusqu’à ce qu’elle trouve des milliers de plumes dans ses déchets. Dégoûtée, son imagination fit le reste du travail.
En fouillant dans les ordures des autres, Eva cherche simplement à concrétiser son ardent besoin de vivre plus que sa vie. Les livres lui permettent de s’évader, mais il leur manque le défi de l’action que seule lui offre la réalité dont elle a tant besoin.
Heureuse de retrouver enfin son appartement, elle se rappelle toutefois qu’elle a dû supplier la propriétaire, une vieille femme au sourire édenté qui vit au rez-de-chaussée, pour qu’elle accepte de lui louer l’appar-tement. C’était un des rares endroits au loyer abordable qu’elle avait trouvé et qui était situé tout près de son travail, une situation idéale pour elle.
La propriétaire avait finalement succombé au charme et à la vivacité de cette jeune fille et avait accepté de lui louer une chambre au mois.
Eva ne sait toujours pas combien de temps elle compte y rester et comment elle va s’adapter à sa nouvelle vie parisienne. Ses aspirations la poussent à voir tellement plus loin, mais pour l’instant, elle n’a qu’une chose en tête : retrouver son pendentif!
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(À suivre)
Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!
"............C’était un des rares endroits au loyer abordable qu’elle avait trouvé et qui était situé tout près de son travail, une situation idéale pour elle.
RépondreEffacer...........Eva ne sait toujours pas combien de temps elle compte y rester et comment elle va s’adapter à sa nouvelle vie parisienne......"
Quelle connaissance une situation:la recherche de logement, la sensation de l'incertitude, l'espoir.......... Cela notamment ce que se passe maintenant avec moi :))))))