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lundi 6 septembre 2010

La part des ombres (116 à 118)


Lori ferma les lumières du commerce et les deux jeunes femmes disparurent lentement dans la noirceur d’une ruelle. On put cependant entendre longtemps l’écho du rire suraigu de Cédrika alors que son amie tentait vainement de l’empêcher de chanter du Céline Dion au beau milieu de la nuit.


(suite)


*


« Je me souviens avoir dessiné plusieurs fois son visage au fusain alors qu’elle s’était endormie à mes côtés. C’était au tout début, lors de cette première nuit que nous avions passé ensemble. Je me laissais imprégner par le jeu d’ombre que provoquait la lueur d’une chandelle sur chacune des courbes de son corps libéré de toute contrainte.

Ma main tremblait devant la pureté de son sommeil et j’ai dû m’arrêter de dessiner à plusieurs reprises pour être bien certain qu’elle respirait toujours. Je déposai alors ma main délicatement sur sa poitrine pour ne pas la sortir de ses rêves. Il existait ainsi un infime mouvement d’attraction entre le tressaillement de ma peau et le soulève-ment presque imperceptible de son sein nu dont la pointe durcissait au contact de ma paume. Je synchronisai alors ma respiration avec la sienne et je fermai les yeux pour immortaliser son image en moi, car ma décision était déjà prise. Le lendemain, j’allais la quitter sans autres explications que celle de mes yeux qui allaient probablement trahir cette imposture qui jusque-là, avait guidé ma route.»


J’ai relu plusieurs fois ce passage du roman de Guillaume Vincourt qui m’interpelle plus particulièrement ce matin, car je ne sais pas à quoi pourrait ressembler une nuit du même genre passée en compagnie de Cédrika. Est-ce que ma tête lâcherait prise un peu et si oui, comment la sienne réagirait-elle?

C’est la première fois de ma vie que je me sens complètement bloqué par la démesure de ce qui m’attire chez quelqu’un. Mes amis me trouvent déjà très emporté en général, mais s’ils savaient à quel point je ne vois plus clair dans toute cette histoire et à quel point je suis nerveux en ce moment. J’ai tellement peur de la décevoir que j’embrouille tout. Je n’ai même pas été capable de l’embrasser même si nos corps se sont enlacés à quelques reprises et que mes lèvres ont effleuré la douceur de son cou. Je suis pourtant un adepte du baiser et je peux passer des heures à simplement me laisser transporter par la chimie de deux lèvres qui se découvrent, mais on dirait que Cédrika me bloque complètement. Mon corps réagit toutefois aux moindres de nos rappro-chements, mais le côté naturel qui fait en sorte que les choses s’enclenchent d’elles-mêmes par la suite n’est pas là. C’est comme si je sentais qu’inconsciemment, elle avait besoin d’être apprivoisé et moi, de sauver ma peau.

Je suis d’un ridicule pathétique.


*

(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!

3 commentaires:

  1. attirance de l'âme plutôt que du corps... rare, précieux... et fragile?
    j'adore ce roman :) peut-être encore plus que le vieux chêne... viiiite la suite, mdr
    Nathalie

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  2. hihihihi c'est aussi un de mes préféré je crois... Mais j'aime bien aussi celui en écriture en ce moment... Je suis peut-être simplement plus proche de ceux-ci puisque la part des ombres est le dernier que j'ai écrit...

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  3. :) si en plus tu me nargues avec celui en cours d'écriture, je ne tiens plus, je prends un vol Genève-Vegas... et je viens le lire par dessus ton épaule hihihi
    Nathalie

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