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lundi 6 septembre 2010

Evanescence (page 113 à 115)


Eva conserva uniquement le coffret de lettres et la dernière photo d’Olivier, puis c’est avec courage qu’elle marcha jusqu’à chez lui et déposa la boîte dans les ordures avec tout ce qui aurait toujours dû y rester.


(suite)


*


À son retour à Paris, Eva trouva une nouvelle lettre provenant d’Italie. Elle fut d’abord en colère de constater que cette histoire se continuait, elle qui pour une rare fois, n’avait pas le contrôle de ce qui lui arrivait. Elle savait en plus qu’Olivier étudiait toujours à Perpignan et que son idylle avec un de ses professeurs n’était pas encore terminée, elle savait donc maintenant que ça ne pouvait pas être lui qui se cachait derrière les ailes de ce mystérieux Papillon. Eva se décida tout de même à lire la lettre et fut encore une fois charmée par les mots qu’elle contenait.

Cette fois-ci, c’est Rome qu’elle découvrit. Rome comme on ne pouvait y échapper, avec son circuit touristique obligatoire, de la place Saint-Pierre et ses environs au Panthéon, de la fontaine de Trévi au Colisée et à la villa Borghèse. Elle sentit toutefois que son correspondant avait été particulièrement touché par cette ville et que celle-ci s’était imposée à lui comme il arrive parfois quand on se trouve dans un endroit qui nous est pourtant inconnu, mais dans lequel on se sent bizarrement chez-soi.

Bercée par les images, Eva voyagea au rythme de celui qui lui fit découvrir ses intimes secrets.

Tout était parfait dans cette lettre. La jeune femme passa même de l’éblouissement au rire lorsqu’il lui raconta qu’un Mc Donald avait été érigé à même le Panthéon d’Agrippa au grand dam des italiens. La légende disait même qu’il avait été construit en quelques heures pendant la sieste de Jules César. C’était fou tout de même de réaliser à quel point la vie s’arrêtait chaque jour là-bas entre 13h00 et 16h00.

La photo incluse dans la lettre avait été prise cette fois-ci dans la somptuosité des jardins du Vatican et on y voyait une femme magnifique qui symbolisait à elle seule, toute l’élégance italienne. On aurait dit à ce moment qu’elle savait que le décor derrière elle n’était qu’une simple parure rehaussée par sa propre beauté. Son correspondant avait voulu mettre l’emphase sur le regard de cette femme qui dévorait l’objectif avec une séduction innée, plutôt que sur la splendeur des jardins. Il terminait sa lettre en disant :

« Les plus grands mystères ne prennent-ils pas naissance dans le regard d’une femme ?

Quelques fois, l’intensité déployée par celui-ci fait involontairement converger toute notre attention vers lui, faisant résonner ainsi ce qu’il y a de plus éloquent en nous. Mais certaines de ces muses possèdent tellement bien cette capacité de nous habiter de leur présence, qu’elles réussissent l’inconcevable de transformer en artiste, le plus singulier des hommes.

Votre regard Eva-Nescencia est un pur manuel d’instruc-tion qui influencera toujours ma vision des choses. Nous avons quelques fois la chance dans nos vies d’être touchés par la grâce d’un ange et dans mon cas, cette profonde sensation ne passe que par vous…

Papillon »

Eva venait de déposer la lettre à ses côtés. Elle ne comprenait toujours pas ce qui la touchait d’une manière si intense dans les mots de son correspondant, mais elle ignorait surtout le véritable nom de celui qui se cachait derrière cette rivière d’émotions.

Cet homme semblait porter en lui une sensibilité extrême. Ça ne pouvait être qu’un artiste pensa-t-elle. Un homme qui avait vécu des choses extraordinaires, mais qui, dans son entourage, pouvait avoir une ouverture aussi grande sur le monde ?

Cet homme la courtisait avec la douceur d’un parfum que l’on ne pouvait identifier, la charmait avec un style d’écriture d’une autre époque qui conservait toutefois cette vivacité d’emportement inhérente aux élans de jeunesse.

Sans réponse à ses multiples questions, Eva déposa précieusement la lettre et la photo sur une pile de livre qui lui servait de table de chevet, et s’endormit en s’envolant tout près de celui qui comme une plume dans son oreiller, serait un témoin privilégié de ses rêves.


*

(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!

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