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jeudi 12 août 2010

Evanescence (page 98 à 100)


Eva resta estomaquée.

C’est sur ce doux vertige mystérieux qu’elle dut finalement partir travailler.


(suite)

*

Tiens… quelle belle surprise!

Monsieur Coton venait d’entrer dans le restaurant et avait l’air exténué.

— Vous semblez très fatigué Jean… C’est la rumba des vacances qui vous donne cet air?

Eva aimait bien utiliser un ton moqueur avec lui.

— Si c’était le cas, dit-il en baissant légèrement les yeux. Malheureusement mes vacances furent de très courte durée… J’ai un nouvel emploi depuis quelques jours qui est venu perturber considérablement mon rythme du sommeil…

― Mais c’est une merveilleuse nouvelle pour l’emploi… Vous voyez comment les choses s’arrangent toujours d’elles-mêmes… En plus, je vais pouvoir vous revoir plus souvent…

― Ohhh si c’était le cas… Je travaille assez loin d’ici, de l’autre côté de la ville, mais j’ai heureusement parfois des congés…

― Oh! C’est dommage dit-elle d’une voix attristée.

Monsieur Coton fut touché par sa candeur, mais il changea rapidement de sujet.

Mais vous au contraire, vous me paraissez rayonnante… Vous semblez presque amoureuse?

Monsieur Coton aurait aimé conserver le même timbre de voix, mais cette allusion douloureuse lui avait éraillé la gorge.

— Non… malheureusement, mais qui sait ce que l’avenir me réserve… J’ai même des admirateurs aux quatre coins de la planète…

Le rire d’Eva s’éclipsa lentement comme d’infimes poussières passant devant un rayon de soleil.

Monsieur Coton souriait maintenant et semblait fier de lui malgré la fatigue des nuits inconfortables qu’il venait de passer dans un train. Il revenait tout juste de Berlin où il avait passé les deux derniers jours.

Eva venait pour sa part de recevoir la première lettre, celle qu’il avait écrite de Moscou. Il avait bien sûr pensé à changer la date inscrite sur sa missive pour éviter tout soupçon de la part de la jeune femme, une simple erreur pouvant le trahir.

En effet, samedi le 5 novembre, jour où il était revenu de la Russie, Eva lui avait servi une entrecôte tellement crue qu’il avait dû fermer les yeux afin de terminer son repas. La moindre vision de sang lui donnait des haut-le-cœur. Eva avait tellement ri de voir ses simagrées qu’elle se souviendrait certainement de cet épisode si elle devait se mettre à le soupçonner.

Monsieur Coton devait aussi tenir compte des délais postaux différents pour chacun des pays qu’il allait visiter afin de donner une certaine cohérence à sa correspondance.

Il aurait bien aimé trouver un moyen subtil ce midi-là pour faire parler Eva-Nescencia de la lettre qu’elle semblait avoir reçue, mais sa timidité légendaire et la prudence le confinèrent à un silence contemplatif de la jeune femme pendant toute la durée du repas.

Il quitta plus tard le restaurant pour se diriger directement vers le cimetière du Père Lachaise afin de pouvoir raconter ses dernières péripéties aux deux Chopin.


*

*

(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!

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