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samedi 14 août 2010

Evanescence (page 100 à 103)


Il quitta plus tard le restaurant pour se diriger directement vers le cimetière du Père Lachaise afin de pouvoir raconter ses dernières péripéties aux deux Chopin.


(suite)


*


En arrivant chez elle, Eva vérifia immédiatement si elle avait reçu du nouveau courrier. Malheureusement, sa boite aux lettres était vide et aucune enveloppe n’avait été glissée sous sa porte par la concierge. La jeune femme décida aussitôt de relire la lettre de Moscou simplement pour se laisser enivrer à nouveau par les mots de son mystérieux correspondant.

Tout en caressant son chat, Eva se souvint de ce même jeu qu’elle avait tenté d’établir avec un jeune garçon dans ses années de collège. Celui-ci n’avait malheureu-sement aucune habilité pour jouer avec les mots et la pauvre adolescente fut déçue par l’expérience, elle qui déjà à l’époque, s’imaginait jouer le rôle d’une Roxane dans Cyrano…

Cette fois-ci par contre, le ton utilisé par son mystérieux admirateur et le vouvoiement qu’il avait décidé d’utiliser l’avait conquise dès le début. Elle s’était sentie transporter dans une autre époque par cette découverte de Moscou et son imagination avait fait le reste du travail.

Malgré les multiples relectures de la lettre, Eva n’avait toujours pas élucidé le mystère de celui qui se cachait derrière ces mots. Ce Papillon semblait pourtant si bien la connaître.

Ne s’avouant pas vaincue, elle ferma sa lumière de chevet pour mieux s’endormir, tout en espérant rêver à la suite de cette intrigante histoire…


*


Pendant plus d’une semaine, Eva vécut dans l’attente de recevoir un nouveau message de son correspondant. Ses réveils avaient peu à peu perdu l’abandon dans lequel elle aimait se vautrer pendant de longs moments en compagnie de son chat. Maintenant, aussitôt qu’elle ouvrait les yeux, Eva se levait de son lit avec l’espoir fou de trouver une nouvelle lettre qu’on aurait glissé sous sa porte.

Sa déception des premiers jours finit néanmoins par se dissiper tranquillement. Elle avait même rangé la première missive dans son placard afin d’oublier un peu toute cette histoire et plongea dans la lecture captivante du monde de Pennac qu’elle avait décidé de relire en entier. Elle passa donc une bonne partie de son temps entre les tribulations de la famille Malaussène, son travail au restaurant, les griffes de son chat et les poubelles de ses voisins.

Ce n’est que douze jours plus tard, soit le 2 décembre, qu’Eva reçut une nouvelle lettre non pas de Moscou, mais plutôt de Berlin. Celle-ci était datée du 16 novembre.

Elle eut droit encore une fois à une missive teintée de douceur comme une subtile caresse de l’esprit que venait de lui offrir celui qui savait trop bien trouer les mots justes.

Ce papillon lui fit découvrir les principaux attraits touristiques de cette ville allemande, mais d’une manière si sensible qu’elle se sentit encore une fois transporter à même les yeux de son correspondant. Elle put parfaitement imaginer les ruines de guerre décrites avec une émotion qui la toucha plus particulièrement, son grand-père russe ayant participé à cet affrontement y laissant même sa vie. Elle put aussi assister au spectacle unique de l’horloge à eau telle qu’elle lui fut racontée. Elle put goûter à l’atmosphère féerique des marchés de Noël qui s’étaient déjà installés sur la place de l’église. Elle marcha avec lui sous les tilleuls de la rue « Unten des Linden », avenue historique où avaient eu lieu la majorité des défilés militaires autant prussiens que nazis. Elle fut même touchée aux larmes lorsque son correspondant lui fit la triste description de la place où se trouve une plaque de verre commémorant le grand bûcher où les nazis avaient brûlé une quantité innombrable de livres en 1933.

Tout dans cette lettre l’interpellait avec intensité comme si les mots utilisés étaient le reflet de sa propre sensibilité et encore une fois, ce fameux papillon avait ajouté une photo. Cette fois-ci, la femme choisie était placée un peu en retrait et faisait partie du décor puisqu’elle se tenait devant le Palais de la République.

Son mystérieux admirateur terminait sa lettre en soulignant qu’une photo, aussi beau le décor soit-il, ne pouvait avoir d’âme que si une personne acceptait indirectement de partager la sienne afin d’immortaliser ce bref moment d’éternité.


« J’espère avoir su captiver votre esprit telle ma plume caressant doucement ce bout de papier qui pour moi, ne représente rien d’autre que la douceur de votre visagefurent ses derniers mots… »


(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!

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