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vendredi 17 septembre 2010

La part des ombres (140 à 141)


Ils se saluèrent cordialement et c’est à ce moment que le vieil homme crut remarquer l’ombre d’un chat qui se faufila rapidement entre deux arbustes dès qu’il tourna la tête vers lui.


(suite)


*


« J’ai vraiment essayé de la quitter cette nuit-là, de fuir comme un prisonnier, traqué par ses propres gardiens, mais c’est plutôt elle qui m’a laissé.

Pour la première fois de ma vie, les rôles étaient inversés. Je recevais cette gifle par la seule femme que j’avais cru aimer.

Je m’étais finalement endormi à ses côtés aux petites heures du matin après avoir passé la nuit à la dessiner, puis à mon réveil, elle n’était plus là. J’ai alors cru entendre le son de la douche, mais cette sorte de crépitement allait se révéler être en fait la liquéfaction de tout mon corps devant cette cruelle incompréhension. Je venais de trouver son petit mot qu’elle avait laissé sur ma table de chevet. « Car bien souvent, pour que nous décou-vrions que nous sommes amoureux, peut-être même pour que nous le devenions, il faut qu'arrive le jour de la séparation.

Marcel Proust.

Merci pour la nuit et les dessins! »

Elle n’avait rien laissé derrière elle si ce n’est que ce mot déchirant. Je n’avais pas son numéro de téléphone ni aucune adresse pour essayer de la rejoindre, mais je me suis soudainement mis à espérer en voyant le livre sur lequel elle avait déposé ses adieux.

Qui sait si je n’allais pas trouver le secret de nos retrouvailles à travers la recherche du temps perdu… »



Cédrika s’est endormie au creux de mon épaule pendant que je lui lisais à haute voix des extraits du roman de Vincourt. La chaleur du foyer a finalement eu raison de sa fatigue et je me sens ému devant la fragilité de son sommeil. J’entends sa respiration sifflante comme le murmure de notre incompré-hensive complicité, mais je vais plutôt lui faire croire qu’elle ronfle lorsqu’elle se réveillera. Elle est tellement obsédée par ce genre de détails qu’elle va sans doute paniquer et vouloir même s’enregistrer pour être certaine du contraire. Le plus bizarre, c’est qu’elle peut faire preuve d’un total laisser-aller, mais pour en arriver à ce point, elle doit jouer. Il y a donc la Cédrika dont le regard s’illumine comme une lampe tempête en jouant la comédie et celle qui se laisse broyer par le carcan d’un flagrant manque d’estime de soi.

Je me sens toutefois merveilleusement bien avec elle, même si je suis toujours aussi nerveux. On dirait qu’elle me permet d’assumer toute la démesure de ma personnalité et de me laisser inspirer par la sienne, mais du même coup, ses blocages influencent mes élans.

Est-ce possible alors que tout ça ne soit qu’une illusion?


*

(À suivre)

Vous avez certainement des gens dans votre entourage qui savourent le silence d'une virgule ou le tumulte d'un point à la fin d'une phrase. Si les mots sont les mystérieux passants de l'âme, ils ont toutefois besoin d'un regard pour exister... Si vous aimez cette histoire, vous n'avez qu'à cliquer sur ( Email to a friend) situé tout juste en bas de ce texte pour le partager et n'ésitez pas à laisser un commentaire sur le blog. J'adore vous lire!

3 commentaires:

  1. que de douceur...mmmm et pourtant je sens la fissure arriver...??
    Nathalie

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  2. Le dernier tiers du livre débute ;) alors d'ici 2 semaines environ tu vas pouvoir lire le dénouement de l'histoire...

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  3. j'ai hâte!!!
    surtout pour savoir si mes scénarios perso sur la suite (même si complétement délirants et tordus) sont justes ou pas hihi
    Nathalie

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